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Bourses Expé by Cabesto 2023

récit d'expédition [lauréats BOURSES 2012]

50° au Pérou

Descente de grandes faces de la Cordillère Blanche à ski

PÉROU - 4 mai au 30 juin 2012

50° au Pérou -Matthieu dans la descente du Quitaraju

BLOG

 

L'ÉQUIPE

 

Sylvain Rechu

22 ans

 

Matthieu Portefaix,

22 ans,

 

Théo Camus,

22 ans

Nous sommes le 5 mai 2012 après 18 heures de voyage nous faisons nos premiers pas sur le sol péruvien, les montagnes sont encore loin, après tant de préparation, nous sommes heureux, notre expédition commence enfin ! Encore une journée d’attente à Lima, une nuit dans le bus, et nous voilà arrivés  à Huaraz, petite ville de 100 000 habitants perchée à 3200 mètres d’altitude à l’entrée de la Cordillère Blanche.  Au petit matin nous apercevons les premiers sommets, et déjà de belles faces raides et enneigées…

Préparatif des sacs avant le départ.

Compte-rendu

À notre arrivée à l’hôtel on ressent déjà l’altitude en montant les escaliers ! 2 jours d’acclimatation à Huaraz, et nous décidons de partir pour Hatun Machai, un site d’escalade équipé par des guides locaux, plutôt que de faire un trek sur les hauts plateaux péruviens, nous poursuivons notre acclimatation en grimpant sur une belle falaise.

Encore plus beau que sur les photos ! Nous arrivons au refuge, au fond du plateau à 500 mètres à peine, une barre de falaise posée au milieu de nulle part. De plus près, au cœur d’Hatun Machai nous sommes enchantés par les lieux, l’escalade se déroule sur des voies de 20/25 mètres, un rocher sculpté par l’érosion, « Hatun Machai » signifiant grande cavité en quechua, l’escalade se déroule souvent sur des dévers, parfois très prononcés, sur les côtés et entre chaque cavité on trouve aussi de beaux murs verticaux, des dalles, même des blocs au pied et un peu partout. Pas de quoi s’ennuyer ici on trouve tous les styles d’escalade !

 

En route pour Hantun Machai. Photo Matthieu Portefaix.

 

« Estoy estoy como estoy Stone », 6a+, notre première longueur. Impression générale : les 6a à 4300 mètres d’altitude ce n’est pas facile ! Entre l’essoufflement, et l’acide lactique qui montent très vite nous arrivons à enchainer quelques longueurs, puis il est temps d’aller se reposer dans le charmant petit refuge juste au-dessus de la falaise. Le temps d’échanger, de grimper, de partager avec des grimpeurs venant des quatre coins du monde, une acclimatation qui se fait tranquillement, et humainement très enrichissante !

Après 6 jours d’escalade,  de belles croix des 6c, des 7b, un 7c et un 7c+, de beaux essais dans un 8a mais qui restera un projet… Et surtout nous voilà acclimatés à notre premier palier à 4300 mètres d’altitude.

De retour à Huaraz, nous sommes dans les préparatifs pour l’Ishinca, le Ranrapalca, et le Tocclaraju. Nourriture, porteur, météo, matos, on essaie de penser à tout, sans rien oublier.

Nous sommes partis de Collon, un petit village de montagne, Dimitrio nous attend avec ses deux chevaux, nous chargeons les bêtes, et galopons en direction du premier camp de base, 15 km plus haut à 4400 mètres d'altitude. Le lendemain matin nous prenons le rôle des mules. Très chargés, nous montons au camp supérieur à 5000 mètres où nous déposons notre maison et, sur la lancée, nous atteignons le sommet de l'Ishinca à 10 h 30. Déjà, nos premières courbes se creusent dans la douce neige péruvienne. Nous rejoignons notre tente au camp supérieur pour nous mettre à l’abri des orages de l'après-midi.

Après une courte nuit de sommeil, le réveil sonne à 2 h 30, et nous voilà partis à l'assaut du Ranrapalca. En 2 heures, nous atteignons le pied de sa face nord-est ; au fur et à mesure de notre montée, alors que le soleil se lève, le paysage se dévoile à nos yeux. Nous découvrons l'ambiance, la beauté et l'engagement d'une face nord… au soleil ! Plus nous grimpons, plus la face est raide, et plus il y a de nuages. Le mauvais temps arrivant plus vite que prévu, nous faisons la course avec les cumulus qui sont mieux acclimatés que nous. Les 6000 mètres d'altitude se faisant fortement ressentir, nous arrivons tant bien que mal sur l'arête sommitale. Le mauvais temps arrivant nous préférons chausser les skis. Nous voilà maintenant,  skis aux pieds, dans la face à 55° où chaque virage demande un maximum de concentration. La descente se déroule au rythme de timides éclaircies. Après 700 m de virages sautés, nous arrivons au pied du Ranrapalca heureux et bien épuisés.

À court de nourriture, sur les rotules, nous attaquons la descente  jusqu’au camp de base à 4400 m pour une nuit de repos bien méritée. Dès notre réveil, à 9 heures, les premiers nuages sont là, impossible pour nous de monter au camp supérieur du Tocclaraju, nous sommes rapidement sous la pluie, en vue de ces mauvaises conditions météorologiques, nous décidons de rentrer à Huaraz le lendemain.

Dans le retour, chacun réfléchit tout en marchant, nous avons gravi notre premier  5000 puis 6000 mètres, l’Ishinca (5530 mètres) et le Ranrapalca, (6162 mètres), nous sommes fatigués mais heureux !

 

Le Tocclaraju vu depuis l'Ishinca. Photo Matthieu Portefaix.

 

Le Ranrapalca aura été une belle descente à ski, très engagée, exposée, dans des pentes suspendues au-dessus de barres rocheuses de 300 mètres, soutenue à 50/55°, avec un verrou plus raide à 70° au milieu de la face, nécessitant un rappel.

Après un repos bien mérité, nous partons pour une nouvelle semaine en montagne, en direction de l’Artesonraju, nous avons découvert une très belle vallée, la marche d'approche traverse la Laguna Parron, un immense lac aux eaux bleu turquoise, puis on s’élève dans la moraine.

Policarpo notre porteur, haut comme trois pommes, atteint le camp de base avec 40 kilos sur le dos, une belle leçon de courage. Le camp d'altitude installé au pied du glacier, à 4800 m, nous assistons à un très beau coucher de soleil sur l'Artesonraju. Malgré la motivation, dur dur de mettre le réveil à minuit. Quelques heures de sommeil, un petit déjeuner dans notre tente et rapidement on traverse le glacier pour rejoindre le pied de la face, un slalom de nuit entre les séracs et crevasses, et déjà le vent qui commence à se faire bien ressentir.  Cachés dans la rimaye, nous avalons un lyophilisé hachis parmentier, et on accède à la pente supérieure, où plus rien ne nous protège du vent à part la capuche de notre Gore-Tex, la lutte commence, les rafales sont de plus en plus violentes, à 5600 m on comprend que nos chances d'atteindre le sommet s'envolent, alors que le soleil se lève sur les montagnes, le vent a sculpté et durci la neige impossible de skier. Nous décidons de redescendre en désescaladant jusqu'à la rimaye, nous chaussons les skis, quelques courbes entre les crevasses, le vent soutenu à 100 km/h nous fait regagner le pied du glacier rapidement.

On retrouve Policarpo, un peu déçus, on plie le camp, et on rentre à Caraz la ville la plus proche. Le temps d’une bière, la déception est vite oubliée, et nous pensons déjà à nos ascensions futures. La face sud-est de l’Artesonraju nous a résisté mais, un jour nous y reviendrons !

Après ces deux semaines en montagne, un peu de réflexion, et nous pouvons déjà faire un bilan sur ce que nous avons vécu, il nous faut plus de repos entre les sommets, gérer mieux notre alimentation durant les ascensions, passer plus de temps en camp d’altitude pour être plus acclimatés.

Après le repos, cette réflexion, une préparation au top pour notre prochaine semaine qui s’annonce longue.

En effet nous partons pour l’Alpamayo et le Quitaraju, deux sommets très esthétiques et qui nous tiennent bien à cœur à tous les 3.

A Cashapampa, un petit village de montagne où les paysans labourent les champs avec des bœufs, où les enfants vont à l'école à pied, et où tout le monde se lave dans le ruisseau qui traverse la rue principale. Nous faisons la belle rencontre  de Bénito notre conducteur d’ânes, une personne surprenante et toujours souriante.

Nous nous engouffrons dans une vallée étroites,  Bénito et ses 3 « burros » sont devant, le rythme est donné ! Nous atteignons le lagune supérieure en 4 heures, premier camp, le lendemain, emmenés par Bénito, nous lançons le premier tiercé d’ânes sur un immense champ de sable et très rapidement nous arrivons au camp de base à 4200 m, le temps d'un dernier sandwich, et nous décidons de monter pour le camp moraine à 4800 m, au pied du glacier, quelques étoiles filantes, des chutes de séracs qui résonnent dans toute la montagne et la lune qui éclaire tous les sommets enneigés.

Troisième jour, nous partons pour le camp supérieur de l'Alpamayo, une grosse journée de portage, skis aux pieds on remonte entre les crevasses jusqu'au col à 5500 m. A droite, le Quitaraju, à gauche l'Alpamayo, après trois jours d'effort,  nous y sommes face à ces deux sommets mythiques. Une petite pente à redescendre, et en moins d'une minute nous sommes au camp supérieur à 5400 m. Au pied de l'Alpamayo, on se sent dominés, pyramide parfaite de neige, rayée par des icefluts rectiligne, une meringue prête à être dévorée ! Premier camp sur un glacier qui demande un peu d'organisation...

 

Sylvain et Théo lors du troisième jour d'approche de l'Alpamayo. Photo Matthieu Portefaix.

 

Minuit : réveil, le froid nous invite à rester plus longtemps dans nos duvets, mais l'envie est plus forte. A 5400 mètres tout est plus long ! Essoufflés de s’habiller, 10 minutes d’attente devant le jet-boil,  impatients que l’eau se réchauffe pour un thé, le temps de dégivrer les skis à moins 20 degrés. Après une heure de préparation c’est le départ ! A 3h30 nous sommes à la rimaye, au pied de la voie des Français, on se dit qu’elle est pour nous cette voie ! Rapidement nous remontons la moitié de la face en neige dure. Dans la deuxième partie, la glace est bien présente, et notre progression est ralentie. Puis nous retrouvons juste sous le sommet une longueur d'anthologie, un iceflut à 70°, qui se resserre au point de former un dièdre, où l'on peut grimper en écart, piolets et crampons dans de la neige tendre. Il est 8h30, nous sommes au sommet de l'Alpamayo à 5970 m, un moment fort pour la cordée ! Quelques photos souvenir, le temps de profiter de ces instants, et du paysage. Nous traversons une arête bien enneigée, esthétique et aérienne, à force de brasser on rejoint la voie « Ferrarri » qui va nous permettre  de redescendre. La face est glacée, ce qui nous oblige à alterner rappels et désescalades. Tant bien que mal, nous pouvons chausser les skis pour les 100 derniers mètres de la voie. Un petit saut de rimaye skis aux pieds, quelques courbes de plaisir, et quand on arrive au camp, on peut regarder cette face différemment, la « voie des Français » est dans notre poche !

Une journée de repos, bien méritée, toujours au camp supérieur, au programme : tricot, photos, sieste, bronzette dans nos transats en neige, de bons repas lyophilisés pour reprendre des forces et quelques aspirines pour nos maux de têtes...

Le lendemain, nous partons pour la face nord du Quitaraju. Encore une fois les skis nous sont bien agréables, un gain de temps nous permettant de glisser sans trop d'effort jusqu'au pied de la face. Une grande pente en neige nous permet de remonter jusqu'à un fil d’arête bien marqué au milieu de la face, la montée est belle, la nuit est encore bien présente, les étoiles filantes sont là pour nous encourager. Comme au Ranraplaca, les nuages sont de plus en plus nombreux, la course commence, et cette fois c'est nous qui allons gagner ! A 6h15 nous sortons sur l’arête sommitale, de là le sommet est tout proche, en même temps que nous avançons, le soleil apparaît, la lumière rasante et ses premiers rayons éclairent d'une lumière rosée tous les plus hauts sommets de la Cordillère Blanche.  Au sommet du Quitaraju à 6040 m, tous les 3 sur notre champignon de neige, nous avons conscience que nous assistons à un moment privilégié, la récompense  de beaucoup d'efforts, notre premier 6000 pour Sylvain et Matth. La joie et des sourires qui en disent beaucoup, le silence au sommet et nous contemplons l'horizon, aucune photo ne pourra remplacer la beauté des lieux à l'instant présent, gravée dans nos mémoires à vie.

Le soleil est plus fort que les nuages, il fait décailler la neige dure, et après un rappel pour éviter la partie raide du haut de la face, les skis aux pieds on attaque la descente,  concentrés,  une première partie à 50° un peu exposée, mais les virages s'enchainent  bien. Dans la deuxième partie la pente se raidit à 55°, sous les skis ça commence à faire ! Pendus dans les piolets pour les photos et vidéos ! On reste bien présents sur les skis et sans rien lâcher jusqu'en bas, une fois la rimaye passée, c'est la libération, trop heureux d'avoir pu grimper et skier un si beau sommet.  Enfin tous les éléments étaient avec nous. Un peu fiers aussi d'avoir skié sur les traces de Jean-Marc Boivin et son fameux bandana rouge, un grand Monsieur de la pente raide qui a ouvert à ski en 1978, cette face nord du Quitaraju...

La joie sommitale toujours en nous, nous plions le camp du glacier et rejoignons 1200 m plus bas notre ami Bénito, qui vient à notre rencontre pour nous aider. Une dernière nuit au camp de base, et c'est parti pour 25 km à pieds qui n’usent pas que les souliers ! Nos cuisses souffrent aussi et on est contents de trouver à Cashapampa un petit bar pour nous accueillir, le temps d'un coca et d'une salade, l'hospitalité des gens est remarquable.

Du repos, pour oublier la fatigue, et nous décidons d’enchainer avec notre deuxième gros projet : ascension et descente à ski du Huascaran Sud…

Après quelques renseignements,  ça ne s’annonce pas facile… peu d’infos sur les conditions de neige, toutes les expés précédentes ont butté sous le camp 2, à 6 200 mètres, à cause des nombreuses chutes de séracs. Nous décidons de passer par une autre voie « La Escudo  » évitant le passage dangereux de la « gargantua » sur la voie normale. Mais l’arête de « La Escudo  » est très longue,  il n’y a pas de camp 2, nous serons obligés de partir d’une seule traite du camp 1 soit environ 1400 mètres de dénivelé. Nous choisissons cette option, l’ascension s’annonce raide, longue, mais un peu plus en sécurité.

Depuis la vallée nous sommes dominés par ces deux Huascaran Sud et Nord, nous voilà devant un mur de plus de 4000 m de haut, fait de glace, roche et neige.

De Musho, le dernier village rencontré,  nous commençons  l’ascension, plus nous nous rapprochons plus les Huascaran nous apparaissent immenses.

Au pied du glacier à 4900 mètres nous installons avec l’aide de nos deux porteurs le camp moraine. Après cette journée de 1800 m de dénivelé nous nous endormons sous une nuit très étoilée.

Au réveil du deuxième jour d’approche, nous attendons le soleil pour sortir de nos duvets et ainsi profiter pleinement du petit déjeuner avec vue sur la vallée.

On chausse les peaux de phoque pour installer le camp d’altitude à 5300 m au pied de la face. Une journée de repos est nécessaire, comme d’habitude, dans les tentes pour se protéger du soleil qui tape fort, c’est sieste, hydratation, alimentation et tricot pour passer le temps ! Nous voilà prêts pour l’assaut du Huascaran.

 

Sylvain et Théo au coucher de soleil au camp moraine du Huascaran Sud 6768m. Photo Matthieu Portefaix.

 

Le réveil à minuit annonce une longue journée. C’est skis aux pieds que nous commençons l’ascension dans un labyrinthe nocturne de crevasses. Effrayés par un sérac nous surplombant, nous avançons  très rapidement jusqu’à la rimaye. Le sérac est maintenant derrière nous et nous en profitons pour nous restaurer d’un thé, il ne manque que les petits gâteaux.

Il est 4h30 et nous attaquons la face. Un mur de glace incliné à 65 degrés, Sylvain s’y attaque avec ses piolets.

150 mètres plus haut la neige revient et nous facilite la suite de l’ascension.  Le froid accentué par le vent, rend nos grosses doudounes plus que nécessaires.  C’est donc bien contents que nous débouchons sur l’arête sommitale accueillis par le soleil, les 600 mètres d’arêtes sont derrière nous. Les dernières pentes nous emmènent jusqu’au sommet. C’est extrêmement lentement que nous progressons. Là, nous attend un brouillard opaque qui n’empêchera pas une joie immense de nous envahir. Il est 12 h 10 le sommet sous nos pieds, nous venons de réaliser la première ascension de l’année du Huascaran sud par une voie peu répétée.

Les nuages ont pris l’entière possession de la montagne et une descente  difficile nous attend. On s’engage dans la voie normale qui n’est malheureusement pas facile à trouver sans visibilité. Rapidement nous sommes perdus dans un chaos de séracs où notre sérénité est mise à l’épreuve. C’est à tâtons que nous descendons, la trouille au ventre au milieu des cathédrales de glace. 2 heures de course d’orientation désagréable et nous retrouvons enfin la voie normale. Nous passons rapidement le passage exposé au séracs, une fois de plus les skis nous sont bien utiles, en 15 minutes au lieu de 3 heures pour une cordée classique à la montée, nous traversons le champ de séracs de la « Gargantua ». Nous glissons alors jusqu’à la tente. Il est 15h30, nous sommes plus que fatigués, mais encore une fois tellement contents !

Nous redescendons jusqu’au refuge où nous retrouvons un peu de confort, après 18 heures d’efforts, une bonne nuit au chaud et il est déjà temps de redescendre au camp de base où nous retrouvons nos deux porteurs….

Le lendemain, en début d’après-midi nous sommes de retour à Musho, notre point de départ 5 jours plus tôt. Le Huascaran aura été pour nous un moment marquant de cette expé, tant par l’engagement, la beauté, et l’effort en haute altitude.

Nous rejoignons Huaraz, un traditionnel demi-poulet,  de la liqueur de coca, du pisco, une belle fête avec les guides locaux, pour savourer un peu plus le Huascaran Sud.

Après  4 jours de repos à l’hôtel, nous voilà repartis pour le Chopicalqui (6354m),  notre ultime sommet.

3 h de bus collectivos dans la vallée de Llanganuco. Cette fois, les ânes porteurs sont mauriennais, sacs de 20 kilos sur le dos, nous passons d’abord le camp de base et nous nous dirigeons vers le camp moraine, à 4960 m, où nous sommes accueillis par le mauvais temps et la neige. Mauvaise surprise car en décidant de partir le plus léger possible, nous n’avons pas pris de tente, nous disposons de seulement 2 ou 3 jours aller/retour, ensuite il sera temps de repartir en France !

Pour lutter contre ces chutes de neige et le vent, on se cache alors dans un chaos de blocs en attendant que la tempête se calme. Une soupe, un lioph, un carré de chocolat et au lit. Minuit, comme d’habitude le réveil sonne, les nouvelles sont bonnes : il ne neige plus, il fait même grand beau, nous décollons à 1 h du camp, à la frontale. La première partie de l’ascension se déroule sur le glacier, où il nous faudra  4 h pour rejoindre l’arête poudreuse  qui nous guidera jusqu’au sommet. De l’arête nous assistons à un beau spectacle, à l’est, au loin, sur l’Amazonie, un violent orage éclate, de nuit, les dizaines d’éclairs illuminent un ciel orangé.

 

Lever de soleil sur la Cordillère Blanche, depuis le Chopicalqui. Photo Matthieu Portefaix.

 

Nous continuons notre ascension, plutôt bien acclimatés nous avançons a un bon rythme. Il est 9h, bain de soleil au sommet du Chopicalqui, l’altitude de 6354 m nous offre un paysage magnifique sur l’Amazonie et toute la Cordillère Blanche. Le plaisir est de courte durée car de gros nuages bourgeonnent et nous forcent à vite chausser nos skis et à s’engager dans la descente. Pour notre dernier sommet, nous sommes récompensés, on skie dans 20 cm de poudreuse ! Après quelques grandes courbes on arrive dans le passage raide de l’arête, 100 m à 60° au-dessus d’une belle crevasse qui nous demande un peu de concentration. Tout se passe bien, nous venons de passer le dernier passage difficile de cette expé. Toute l’arête, parfaitement enneigée est un vrai bonheur, on se régale de grandes courbes ou même de godille jusqu’au pied du glacier. Nous avons pu skier de haut en bas le Chopicalqui, encore un projet de plus réalisé !

Retour au camp moraine, pas facile de se motiver à descendre, la fatigue les flocons et le vent sont à nouveau là. Une petite pause pour se restaurer, et en 3 heures on rejoint la route où un bus nous attend par hasard. Allongés sur les sièges, 29 heures après notre départ, le Chopicalqui en poche, notre expédition 50 degrés au Pérou se termine en beauté, nous sommes les plus heureux du monde.

Dans la Cordillère Blanche où nous avons passé notre séjour, nous avons tenté 7 sommets : Ranrapalca et l’Artesonraju où nous avons subi les caprices de la météo. Nous avons pu atteindre 5 sommets, par de belles voies, chacune choisie pour leur particularité : haute altitude, voie historique, esthétisme,  engagement… L’Ishinca 5534 m notre sommet  d’acclimatation,  l’Alpamayo 5947m pour la beauté de cette montagne, le Quitaraju 6040 m et sa face nord, pour son côté historique : l’ouverture à ski en 1978 par Jean Marc Boivin idole des jeunes skieurs de pente  raide… Le Huascaran sud 6768 mètres, pour cette expérience éprouvante physiquement et mentalement en haute altitude, le Chopicalqui 6354 mètres où tous les éléments étaient réunis pour clôturer notre expédition.

Nous sommes tous les trois très contents de ce voyage, une découverte de nouveaux horizons, de nouvelles montagnes, où nous avons pu réaliser nos objectifs sportifs, et même plus que nous l’espérions, un immense enrichissement personnel.

Les galères, mais aussi les nombreux moments de bonheur partagés ensemble nous ont rapprochés et ont soudé un peu plus notre amitié.

Les nombreux contacts avec les locaux nous ont fait rapidement oublier notre petite vie occidentale… Accueillants et souriants, les Péruviens échangent facilement avec nous, à chaque fois leur mode de vie nous surprend, dans les campagnes, malgré la pauvreté, l’hospitalité et la gentillesse sont toujours là.

Nous tenons à vous remercier de la confiance que vous nous avez accordée, pour votre soutien financier mais aussi humain dans la préparation et le suivi de notre expédition.

Nous garderons en mémoire à vie cette aventure sportive et humaine. En espérant  vous avoir fait partager une partie de ce que l’on a pu vivre pendant notre expé au Pérou.

 

« Donde hay un voluntad, hay un camino» («là où il y a volonté,  il y a un chemin»)

Tout au long de notre expédition nous avons suivi ce chemin jusqu’au sommet.

 

L'équipe.

 

Merci à Expé et tous ses partenaires pour leur soutien logistique, à tous ceux qui nous ont soutenu de près ou de loin.

Matthieu  Portefaix,
Sylvain Rechu, et Théo Camus

Les Bourses Expé by Cabesto sont organisées par la société Cabesto, avec le soutien de :

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